Jour encore, nuit à nouveau

Tristan Saule

Cloîtré dans son appartement, Loïc scrute la place carrée par la lunette de sa carabine .22 Long Rifle.

Quand la France s’est déconfinée, en mai 2020, Loïc a eu peur – du virus, du vaccin, des autres. Un an plus tard, il n’est toujours pas sorti. Épiant la vie du quartier, il rumine sa détresse et maudit ses anciens camarades de théâtre. Heureusement, l’écriture de sa pièce, Les aventures de Clic et Cloque, l’aide à canaliser ses angoisses. Jusqu’à quand?

Huis clos solitaire halluciné, Jour encore, nuit à nouveau est un thriller psychologique au suspens insidieux, où se dessine une certaine France contemporaine: paranoïaque, délaissée, désinformée, excédée, sans plus aucun repère.

Ce troisième volet des Chroniques de la place carrée, qui évoque à la fois Taxi Driver et une version maniaque de Fenêtre sur cour, poursuit l’entreprise noire de Tristan Saule, à mi-chemin entre The Wire et les Rougon-Macquart.


«Un quasi-huis clos hypnotique, au côté d’un homme épiant la vie qui reprend, post-Covid, au travers de la lunette d’un fusil. […] Tristan Saule est un poète du thriller social. Dans Héroïne, il offrait en paragraphes courts, d’une écriture ciselée sautant d’un personnage à l’autre, un génial kaléidoscope de vies saisies au ras des tours de Monzelle. Dans ce Jour encore…, le focus est retourné, la vue plongeante, divagante, au rythme du regard et de la logorrhée d’un homme. Comme Mathilde, comme Lola, comme Lounès, Idriss ou encore Zoé, comme ses frères et soeurs de condition humaine – dealer, enfant, mère, comédien… – Loïc est tout simplement touchant. Bien sûr on sent le drame poindre, la dalle est un théâtre idéal pour cela et notre héros semble d’emblée assez bancal pour que quelque chose, à un moment, explose.»

— Michaëlle Petit, La Croix